Les bases de la foi ecclésiologique orthodoxe


Le trait essentiel de l'Orthodoxie est, qu'elle unit ses fidèles dans une fois à laquelle JAMAIS rien n'a été ajouté, dont rien n'a JAMAIS été retranché, dans laquelle JAMAIS rien n'a été modifié, et qui est identiquement et absolument la même, telle qu'elle fut prêchée par les premiers disciples du Christ.

Notre coup d’œil devra donc être une synthèse, -non pas de l’Orthodoxie comme d’une branche quelconque du christianisme,- mais du christianisme lui-même, dont l’expression, selon la compréhension orthodoxe, se trouve être l’Eglise, la Sainte Eglise, non pas seulement comme motif de crédibilité, mais comme objet même de la foi. Ce qui veut dire qu’elle n’est pas du tout une construction déterminée par une question de droit, mais par la simple présence d’un FAIT. Ceci est caractéristique pour la compréhension orthodoxe.

L’Occident ne voit dans la chrétienté orthodoxe que « des églises », conception qui entraîne des erreurs immenses. Nous venons ici pour tâcher de vous faire saisir ce quelque chose que l’esprit occidental n’a pas aperçu, ce point vital qui est l’essence même de l’Eglise Une et Indivisible selon la conception orthodoxe. C’est l’Eglise Une et Entière, sans distinction de races et de nationalités, l’Eglise dans son UNIVERSALITE, que nous allons tâcher ici de rendre accessible à votre compréhension.



saint Athanase de Paros (1722-1813)





Le diable et l’Occident


Constatant que les supplices et les épreuves, non seulement n’avaient pu atteindre leur but, mais qu’ils avaient, au contraire, fait apparaître des milliers et des milliers de martyres, le diable inventa un autre moyen. 



En second lieu, il sema la discorde d’une façon perfide et sournoise par les hérésies, afin d’amener les chrétiens à s’éloigner du Christ et de la vraie foi et à devenir ses propres compagnons. Les doctrines de ces hérésies portent tantôt sur le Saint-Esprit, comme celles des Macédoniens, tantôt sur le mystère de l’Incarnation, comme celles des Nestoriens, des Monophysites, des Iconoclastes et tant  d’autres.

Toutes ces hérésies furent condamnées par les conciles œcuméniques et locaux qui désapprouvèrent leurs doctrines confuses et donnèrent aux chrétiens une doctrine claire. Ainsi, le diable et ses instruments, les hérétiques, furent déshonorés, alors que les Chrétiens furent affermis dans leur foi inébranlable, excepté naturellement les Chrétiens qui ont voulu, de leur propre gré, s’égarer et périr.

En troisième lieu, le diable fit apparaître une autre hérésie venant de l’Occident –je parle de l’hérésie des Latins– dans le but, toujours le même, de perdre les chrétiens. Cette nouvelle hérésie, qui ne diffère des autres que par le nom, conduisit dans l’erreur tout l’Occident pour engendrer par la suite des branches et des sectes diverses : luthériens, calvinistes, luthérocalvinistes, évangélistes, et d’autres encore en nombre infini. Elle prépara ainsi sa propre perdition et montra qu’elle était caduque, faible et issue d’un esprit réprouvé.
Mais là encore, chers chrétiens, nous devons saisir et admirer l’amour infini de Dieu à notre égard. Voyez, en effet, comment, dans son infinie miséricorde et sa sagesse, notre Seigneur a de nouveau arrangé les choses. Pour conserver intacte notre sainte foi orthodoxe et pour sauver tout le monde, il conçut ce puissant empire ottoman et l’installa à la place de notre empire romain, dont la foi orthodoxe avait déjà commencé à être ébranlée. Il l’éleva plus haut que tous les autres empires pour nous donner la preuve que son établissement est dû à la volonté divine et non pas à la puissance des hommes, et pour que les fidèles soient informés sur les moyens que Dieu emploie pour accomplir ce grand mystère qu’est le salut des peuples de son élection. Dieu institua donc sur nous ce grand empire –il n’y a point d’autorité en dehors de Dieu– pour qu’il fût un frein pour les Occidentaux, et pour nous, les Orientaux, un moyen de salut. C’est pourquoi, Dieu imposa à l’empereur des Ottomans de nous laisser libres dans l’exercice de notre foi, de nous administrer et, parfois, de châtier les Chrétiens qui s’écartaient du droit chemin, afin que tous soient remplis de la crainte de Dieu…
Pour précipiter dans l’abîme les fidèles abandonnés dont Dieu avait fait son choix et pour les pousser à leur perdition, le diable choisit de nos jours une autre ruse, une séduction particulière, afin de conquérir même les plus fidèles : je parle du système libéral, tant exalté de nos jours, mais qui n’a qu’une qualité apparente. Car ce système contient une amorce du diable, un poison funeste, précipitant les peuples à la perdition et au désordre. Le diable a le cœur brisé en voyant que toutes ses machinations nuisibles à l’âme ont été éventées et que la foi orthodoxe  s’accroit dans cet empire puissant. Par jalousie donc et par honte, il fit appel à tous les esprits du mal et fabriqua ce piège nouveau et habile afin que tous les Chrétiens, même les plus fermes, y tombent, qu’ils perdent le royaume des cieux et qu’ils soient affligés avec lui du châtiment éternel.

(Athanase Parios, Didaskalia Patrikê, Constantinople, 1798 ; traduction française : Argyriou Astérios, Spirituels néo-grecs, Namur, 1967, pp. 107-110)




LA VIE EN CHRIST R.P. Romanidis


Approfondir le chemin qui mène à notre Pâque, le Christ



La tâche sacrée qui se trouve aujourd'hui en face de l'Orthodoxie et en particulier de sa jeunesse qui se détache souvent du libéralisme des générations passées, est de redécouvrir la victoire pascale dans la vie quotidienne de l'Eglise. La foi commune et le culte des Apôtres et des Pères demeurent essentiellement inchangés dans nos livres liturgiques et canoniques, mais en pratique, dans l'esprit du clergé et des fidèles, règne une grande confusion, due sans aucun doute à un manque de compréhension spirituelle de la nature même de l'œuvre du Christ dans l'Eglise.



C'est ainsi que de nombreuses gens qui prétendent être Orthodoxes et qui veulent sincèrement l'être, conçoivent la vie de l'Eglise conformément à de vagues sentiments personnels et non à l'esprit des Apôtres et des Pères de l'Eglise. Ce qui manque, c'est une acceptation vivante de ce que présuppose la vie sacramentelle de l'Eglise.



Ce manque de compréhension explique dans une grande mesure les faiblesses de l'Eglise dans le monde occidental et en particulier celle qui caractérise son attitude à l'égard des différentes variantes de schisme et d'hérésie. Ceux qui ne peuvent comprendre que "l'Esprit Lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu" (Rom. 8,16) ne peuvent prêcher la Vérité, mais doivent se poser la question: ne sont-ils pas eux-mêmes en dehors de la Vérité et, par conséquent, membres morts de l'Eglise ?






1. PRÉSUPPOSITIONS DE LA VIE SACRAMENTELLE





A la différence de la plupart des confessions occidentales qui généralement acceptent la mort comme un phénomène normal, ou bien encore la considèrent comme conséquence d'une décision juridique de Dieu destinée à punir le pécheur, la Tradition patristique de l'Orthodoxie prend très au sérieux le fait que la mort est liée intrinsèquement au péché (1 Cor. 15,56) et qu'elle appartient à la puissance du Diable (Heb. 2,14). Les Pères Orthodoxes rejetaient l'idée que Dieu est l'auteur de la mort, que le monde est "normal" dans sa situation actuelle et que l'homme peut vivre une vie "normale" à la seule condition de suivre les lois naturelles dont on suppose qu'elles gouvernent l'univers. La conception Orthodoxe de l'univers est incompatible avec un système statique de lois morales naturelles. Le monde est au contraire conçu comme un champ d'action et de combat de personnes vivantes. Un Dieu vivant et personnel est à l'origine de la Création tout entière. Son omniprésence n'exclut pas toutefois d'autres volontés, créées elles-mêmes par Lui avec le pouvoir même de rejeter la volonté de leur Créateur. C'est ainsi que le Diable est non seulement capable d'exister, mais aussi d'aspirer à la destruction des œuvres de Dieu. Il le fait en essayant d'attirer la Création vers le néant dont elle est issue. La mort, qui est un "retour au néant" (saint Athanase, De incarnatio Verbi, 4-5), constitue l'essence même du pouvoir diabolique sur la Création (Rom. 8,19-22). La Résurrection du Christ dans la réalité même de Sa chair et de Ses os (Luc 24,39) non seulement constitue la preuve du caractère "anormal" de la mort, mais la désigne comme le véritable ennemi (1 Cor. 15,26). Mais si la mort est un phénomène anormal, il ne peut y avoir rien de tel qu'une "loi morale" inhérente à l'univers. La Bible, au moins, ne la connaît pas (Rom. 8,19-22).



Autrement, le Seigneur Jésus-Christ s'est donné en vain "pour nos péchés, afin de nous arracher au siècle présent qui est mauvais" (Gal. 1,4).



La destinée de l'homme fut parfaite à l'origine et doit aujourd'hui devenir parfaite, comme Dieu est parfait (Eph. 5,1; 4,13). Cet accomplissement dans la perfection fut rendu impossible par la venue de la mort dans le monde (Rom. 5,12), car "l'aiguillon de la mort c'est le péché" (1 Cor. 15,56). Une fois soumis au pouvoir de la mort, l'homme ne peut que s'intéresser avec suffisance à sa chair (Rom. 7,14-25). Son instinct d'auto-préservation sature sa vie quotidienne et l'amène souvent à être injuste envers les autres pour son profit personnel (1 Thes. 4,4). Un homme soumis à la peur de la mort (Heb. 2,15) ne peut vivre une vie d'amour créateur et être imitateur de Dieu (Eph. 5,1).



La mort et l'instinct d'auto-préservation sont à la racine du péché qui sépare l'homme de l'unité dans l'amour, la vie et la vérité divine. D'après saint Cyrille d'Alexandrie, la mort est l'ennemi qui empêche l'homme d'aimer Dieu et son prochain sans anxiété, ni souci de sa propre sécurité et de son propre confort. Par peur de perdre lui-même toute valeur, toute signification, l'homme cherche à démontrer à lui-même et aux autres qu'il vaut vraiment quelque chose.



Il se trouve alors obligé de se présenter extérieurement comme supérieur aux autres, à certains points de vue au moins. Il aime ceux qui le flattent et déteste ceux qui l'insultent. Une insulte frappe profondément un homme qui a peur de devenir insignifiant! Ce que le monde considère comme un "homme naturel" vit presque toujours une vie de mensonges partiels et de déceptions. Il ne peut aimer que ses amis qui lui procurent un sentiment de sécurité, alors que son instinct d'auto-préservation morale et physique l'appelle à haïr ses ennemis (Mat. 5,46-48; Luc 6,32-36).



La mort est la source de l'individualisme : c'est elle qui possède le pouvoir d'asservir complètement le libre-arbitre de l'homme au "corps de la mort" (Rom. 7,18). C'est la mort qui, en réduisant l'humanité à l'égocentrisme et l'égoïsme, aveugle l'homme devant la vérité. Et la vérité est rejetée par beaucoup, car elle est trop difficile à accepter. L'homme préfère toujours accepter pour vérité ce qui satisfait ses désirs personnels. L'humanité recherche plutôt la sécurité et le bonheur que la souffrance de l'amour qui se donne (Philip. 1,27-29). L'homme naturel recherche une religion sentimentale de sécurité dans des préceptes moraux et des règles simples qui engendrent des sentiments de confort, mais ne requièrent aucun effort de reniement de son moi dans "la mort avec le Christ pour les rudiments du monde" (Col. 2,20). Les Apôtres et les Pères ne nous transmettent pas une Foi faite de "sentiments de piété ou de "réconfort".



Ils lancent, au contraire, à chaque page un cri de victoire sur la mort et la corruption. "Ô mort, où est ton aiguillon? Ô tombeau, où est ta victoire?... Grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ" (1 Cor. 15, 55-57).



La victoire du Christ sur le Diable a détruit le pouvoir de la mort qui séparait l'homme de Dieu et du prochain (Eph.2, 13-22). Cette victoire sur la mort et la corruption a été accomplie dans la chair du Christ (Eph. 2,15), aussi bien que parmi les justes qui moururent avant (1 Pier. 3,19). "Le Christ est ressuscité des morts, par la mort Il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la vie" (Hymne de Pâques). Le Royaume de Dieu est déjà établi, aussi bien au-delà de la tombe que de ce côté-ci (Eph. 2,19). Les portes de l'Enfer ne peuvent prévaloir sur le Corps du Christ (Mat. 16,18). Le pouvoir de la mort ne peut envahir le Royaume de la Vie. Chaque jour le Diable et son royaume approchent un peu plus de leur défaite finale (1 Cor. 15,26) qui est assuré dans le Corps du Christ.






2.- PARTICIPATION SACRAMENTELLE A LA VICTOIRE DE LA CROIX





La participation à la victoire de la Croix n'est pas seulement un espoir pour l'avenir, mais une réalité présente (Eph. 2,13-22). Elle est accordée à ceux qui sont baptisés (Rom. 6,3-4) et greffés au Corps du Christ (Jn 15,1-8). Il n'y a pourtant aucune garantie magique du Salut et de la participation continue à la vie du Christ (Rom. 9,19-2).



Le Christ est venu pour détruire la puissance de la désunion, en unissant ceux qui croient en Lui, à l'intérieur de Son propre Corps. Le signe extérieur de l'Eglise est l'unité dans l'amour (Jn 17,21), alors que le centre et la source de cette unité est l'Eucharistie : "puisqu'il y a un seul Pain, nous qui sommes plusieurs, formons un seul Corps, parce que nous participons tous à un seul Pain" (1 Cor. 6,19-20). Le Baptême et la Confirmation nous greffent au Corps du Christ, alors que l'Eucharistie nous maintient vivants en Christ et unis les uns aux autres par l'inhabitation de l'Esprit Saint dans nos corps (1 Cor. 6,19-20).



La Foi est insuffisante pour le Salut. Les catéchumènes qui étaient déjà des "croyants", devaient veiller, avant de recevoir le Baptême, à rejeter tout ce que le monde considère comme la "vie normale", en mourant au corps du péché et de la mort, pour ressusciter à l'unité de l'Esprit, c'est-à-dire être unis avec d'autres membres d'une communauté locale dans le Christ et la vie commune dans l'amour. L'Orthodoxie ne connaît rien de tel qu'un amour sentimental pour l'humanité. C'est avec des hommes concrets que nous devons être unis pour vivre en Christ. La seule voie qui conduit à l'amour du Christ est d'aimer la réalité que représentent les autres Chrétiens. "Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à Moi que vous les avez faites" (Mat. 15, 20).



L'amour dans le Corps du Christ ne consiste pas en vagues abstractions sur la nécessité de servir des idéologies ou des causes humaines. L'amour, selon l'image du Christ, consiste à être crucifié pour le monde et, se libérant de toutes les idées vagues, à vivre toutes les complexités de la vie communautaire, cherchant à aimer le Christ dans le corps même des frères qui possèdent une existence bien réelle. Il est facile de parler d'amour et de bonté, mais il est bien difficile d'entrer en relations intimes et sincères avec des gens d'origines diverses. C'est cela pourtant que la mort et la



Résurrection en Christ ont établi : une communauté de saints qui ne pensent pas à eux-mêmes, ni à leur opinions propres, mais expriment continuellement leur amour pour le Christ et les autres hommes, en cherchant à s'humilier, comme le Christ s'est humilié. Ce qui n'était pas possible sous la loi de la mort, l'est devenu par l'unité dans l'Esprit de Vie.






3. COMMENT NOUS RÉALISONS AUJOURD'HUI LA VICTOIRE SUR LA CROIX





Durant toute son histoire, l'Eglise a dû combattre le péché et la corruption au sein de ses propres membres, et souvent au sein de son clergé. Cependant, à toutes les époques, elle sut appliquer les moyens appropriés, car elle était capable de reconnaître l'ennemi. L'Eglise est dans la vérité non parce que tous ses membres sont sans péché, mais parce que la vie sacramentelle est toujours présente en elle et contre cette dernière le Diable est sans défense. "Lorsque vous vous assemblez souvent en un seul lieu (epi to auto), le pouvoir de Satan est détruit" (saint Ignace d'Antioche, Epître aux Ephésiens, 13).



Chaque fois que les membres d'une Communauté se réunissent pour célébrer l'Eucharistie et sont en état d'échanger sincèrement le baiser de paix pour communier ensemble au Corps et au Sang du Christ, le Diable est défait.



Cependant, lorsqu'un membre du Corps du Christ communie indignement, il mange et il boit sa damnation (1 Cor. 11,29). Lorsqu'un Chrétien ne communie pas du tout au Corps et au Sang du Christ à chaque Eucharistie, il est spirituellement mort (Jn 6,53).



L'Eglise a catégoriquement refusé d'entériner la pratique suivant laquelle un grand nombre de Chrétiens assiste à l'Eucharistie, alors qu'un petit nombre seulement communie. Assistance, participation à la prière et communion sont inséparables (7ème Canon Apostolique; saint Jean Chrysostome, 3ème homélie sur Eph.).



"Que personne ne soit trompé: si quelqu'un n'est pas à l'intérieur du sanctuaire, il est privé du Pain de Dieu... Celui qui ne s'assemble pas avec l'Eglise a prouvé par là même son orgueil et s'est lui-même condamné" (saint Ignace d'Antioche, Eph. 5).



La tradition biblique et patristique est unanime sur un point : ne peut être membre vivant du Corps du Christ que celui qui est mort au pouvoir de la mort et qui vit dans le renouvellement de l'Esprit de vie. Pour cette raison même, ceux qui ont renié le Christ durant les persécutions après des heures de torture, étaient considérés comme excommuniés.



Une fois qu'un Chrétien mourait avec le Christ dans le Baptême, on attendait de lui qu'il soit prêt à mourir à n'importe quel moment au Nom du Christ. "Celui qui me reniera devant les hommes, Je le renierai aussi devant Mon Père Qui est aux Cieux" (Mat. 10,33). Le 10ème Canon du Premier Concile Œcuménique ne se borne pas à interdire l'ordination de celui qui a renié le Christ durant les persécutions, mais prononce l'invalidation automatique de toute ordination de ce genre, même si elle a eu lieu dans l'ignorance de l'ordinant. Celui qui aurait accompli une telle ordination était lui-même privé de sacerdoce. Combien plus sérieuse est l'offense contre les vœux du Baptême de ceux qui sont paresseux pour aller à l'Eglise. L'approbation que notre clergé d'aujourd'hui accorde à notre pratique sacramentelle est plus inadmissible encore! Si le Chrétien était excommunié pour avoir renié le Christ après des heures de torture physique, ceux qui semaine après semaine s'excommunient eux-mêmes sont d'autant plus condamnables.



La qualité et les méthodes du Diable n'ont pas changé. Lui-même est resté semblable à lui-même, comme Paul l'a décrit, capable de "se transformer en ange de lumière" (2 Cor. 11,15). Le pouvoir de la mort dans le monde est resté le même. Les moyens de Salut, par la mort du Baptême et la vie de l'Eucharistie sont ainsi restés les mêmes (au moins dans les livres liturgiques de l'Eglise).



Les Canons de l'Eglise n'ont pas été modifiés. Nous lisons toujours les mêmes Ecritures approuvées par les Pères. Comment peut-on alors expliquer nos faiblesses modernes? Elles n'ont jamais été aussi évidentes. Il ne peut y avoir qu'une réponse à cette question. Les membres de l'Eglise ne combattent plus le mal dans l'esprit de la Bible. Trop de Chrétiens emploient l'Eglise dans leurs propres intérêts et interprètent la doctrine du



Christ suivant leurs propres sentiments. La tâche essentielle de la jeunesse Orthodoxe doit consister aujourd'hui à revenir à la vérité des Apôtres et des Pères, à ne plus marcher suivant les lois du prince des ténèbres et les rudiments de ce monde. Car c'est pour cela que le Christ est mort. Renier cela, c'est renier Sa Croix et le sang des martyrs.



Avant de critiquer la "rigidité" de la doctrine patristique, l'Orthodoxe moderne doit revenir aux présuppositions de la vie en Christ dans l'Ecriture et prendre garde à ne pas pervertir la doctrine du Christ.

http://users.edpnet.be/orthodoxes/revue/voile2006-01.pdf



 

Le Christ est ressuscité ! saint Philarète (Drozdov)




Sermon pour le jour de Pâques (1845)

La résurrection et l’ascension de Jésus-Christ n’ont pas commencé au tombeau seulement, mais à l’enfer même :  car, après sa mort sur la croix, ainsi que le proclame l’Eglise, son corps est demeuré au sépulcre, mais son âme est descendue aux enfers, parce qu’il est Dieu. Il est descendu même jusqu’aux enfers, et il y a dissipé les ténèbres qui y règnent.

saint Philarète (Drozdov) métropolite de Moscou.


Christ est ressuscité !
En vérité Il est ressuscité !















L’optimisme de L’Orthodoxie



L’OPTIMISME DE L’ORTHODOXIE
Alexandre Kalomiros




Ne soyez pas pessimistes, nous disent les faux-pasteurs. "L’Orthodoxie est caractérisée par l’optimisme. Dieu n’abandonnera jamais son Eglise et les portes de l’enfer ne pourront rien contre elle".

En effet, L’ORTHODOXIE est optimiste, mais seulement en ce qui regarde Dieu et en tout ce qui vient de Lui. Dieu est amour tout-puissant. Jamais Il ne nous abandonnera. C’est nous qui risquons de l’abandonner et c’est cela que nous devons craindre. C’est de la crainte de voir les hommes s’éloigner de leur Créateur, que vient le pessimisme chez tous ceux qui ne ferment pas, volontairement, les yeux devant la réalité. L’Eglise du Christ n’aura jamais rien à craindre, même si elle devait être réduite à deux ou trois membres sur la terre.

Ce n’est pas l’Eglise qui est en danger, c’est nous qui sommes en danger. La question est de savoir combien d’entre nous resteront, à la fin, dans l’Eglise éternelle et immortelle du Christ, qui comme Lui-même, s’identifie à la Vérité.

Les perspectives terrestres n’ont jamais été optimistes. Jamais les chrétiens n’ont mis leur espérance en une amélioration de leurs conditions de vie tant spirituelle que matérielle, dans ce monde périssable. Le cheminement de l’Histoire vers sa fin a été décrit par le Seigneur et par ses disciples avec les couleurs les plus sombres. Les chrétiens prévoyaient et attendaient la progression du péché et de la corruption qui devaient atteindre leur sommet avant le glorieux et lumineux Second Avènement du Seigneur. Les attentes millénaristes optimistes, d’un royaume terrestre, en ce monde de la corruption, ont été condamnées, dès leur apparition, dans les premiers siècles chrétiens. Le Royaume de Dieu que tout chrétien vit dans les profondeurs de son cœur, comme arrhes de l’Esprit, ne saurait dominer et briller dans sa gloire sur cette terre périssable. « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres ». « Nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera » (Mc 2,22. 2 P 3,13)

Sans la résurrection des morts et le renouvellement de toute chose, que le Seigneur accomplira lors de son Second Avènement, nous ne pouvons parler de perspectives optimistes ; bien au contraire, « quand le Fils de l’Homme viendra sur la terre, trouvera-t-il encore la foi ? » (Lc 18,8).




LE SOUS-PRODUIT DU PARADIS


L’attente d’un paradis terrestre caractérise les tendances religieuses et les tendances politiques, qui en substance, se confondent. Nous les chrétiens « nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » Heb. 13,14
Le diable n’aime pas que l’on désire la cité future et que l’on œuvre pour elle, mais que l’on s’installe sur cette terre périssable, comme si nous devions y vivre éternellement, et qu’on l’améliore, et qu’on la rende le plus possible, permanente et confortable.

Il nous trompe en nous faisant croire qu’un paradis est possible sans la résurrection, sans le renouvellement de toute chose, sans l’incorruptibilité, en d’autres termes, sans le Christ Ressuscité.


Le Paradis que nous avons perdu, nous nous efforçons de le remplacer par la civilisation. Nous avons abandonné Dieu et sa création pour servir les œuvres de nos mains auxquelles nous nous sommes asservis pour notre perte. Toute l’activité humaine, tout le sang et toute la sueur répandus par les hommes ne visent qu’un but : Comment bien s’installer dans notre prison obscure et sans soleil.

Les hommes n’ont pas cru au Christ, parce qu’Il ne leur a pas apporté des biens terrestres mais célestes, et qu’il leur a même demandé de renoncer aux biens terrestres et tangibles, afin d’atteindre les biens céleste et impalpables. Et même ceux qui ont cru attendent qu’Il leur donne, en échange de leur foi et de leur obéissance, des biens terrestres. Ils veulent que tout aille bien dans leur vie. Ils veulent la Loi de Dieu observée par tous, afin que le bonheur temporel règne sur toute la terre. Ils veulent un sous-produit du royaume de Dieu et non le Royaume lui-même. Tout sous-produit contraint l’homme à la perte de sa capacité de recevoir et de vivre la chose vraie elle-même. Quand le diable tentait le Christ au désert, il lui demandait, justement, de donner aux hommes ce bonheur terrestre, sachant très bien que ce bonheur leur apporterait la mort éternelle. Les hommes utilisent le christianisme comme un moyen en vue d’un monde meilleur ; ils se croient chrétiens et se trompent eux-mêmes.



LA NECESSITE DE LA TYRANNIE


« Qu’est-ce que la Vérité ? » Cette question ennuyeuse et agnostique du Gouverneur Romain, les tyrans spirituels et politiques de toutes les époques l’ont répétée « Elle ne m’intéresse pas, disent-ils, la Vérité impalpable. L’important, c’est un gouvernement monolithique. Tout ce que vous dites sur l’unité intérieure qu’apporte, soi-disant, la Vérité, là où elle existe, nous, nous l’écoutons par politesse. Ce qui nous intéresse c’est l’unité extérieur et tangible, que tous voient, respectent et craignent. Et cette unité ne peut exister sans discipline, sans contrainte. L’obéissance libre et volontaire dans l’amour que vous prônez, voilà quelque chose de ridicule pour hommes ridicules. Ce que nous voulons, c’est l’efficacité. L’âme de tel ou tel ne nous intéresse pas ; ce que nous voulons, c’est la domination des foules, des masses, du monde entier. Nous ne tolérons pas de schismes. Vous, vous dites qu’il faut séparer les brebis d’avec les boucs. Nous, nous répondons que les brebis sont nécessaires et, à défaut de loups, du moins des chiens de bergers et des bergers pour les faire paître, pour les égorger et pour les manger. Non, messieurs ! La Vérité, même si elle existe, doit toujours être mêlée au mensonge pour n’être pas dangereuse. La Vérité pure est chose très dangereuse. Et nous, nous ne sommes pas pour le risque. Le temps des actes de courage est périmé ! Nous sommes des pacifistes ! Bas la guerre ! Laissez-nous tranquilles pour vivre notre petite vie sur cette terre et le plus confortablement possible, le plus glorieusement possible. S.V.P. pas de zèle naïf… »

Là où est le Christ, aucune nécessité d’unité administrative ne s’impose. Le Christ est « UN » en « NOUS ». « Qu’ils soient UN comme nous sommes UN ». C’est lorsque nous abandonnons le Christ que nous sentons la nécessité d’une administration monolithique et même la nécessité d’une tyrannie. Le Papisme est un exemple. L’Orthodoxie n’a jamais connu d’administration monolithique, mais des relations fraternelles et familiales. Le Grand Pontife et Roi des Rois n’était pas de ce monde périssable bien que partout présent. Le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde. Ce monde appartient au prince de ce monde, qui est le premier tyran, le chef de tous les tyrans de la terre, tant religieux que politiques. Seul le Christ unit les hommes entre eux, Lui seul les unit ontologiquement avec Dieu en Sa Personne. Le Christ n’oblige personne à le recevoir. C’est quand il fait défaut que se pose alors, automatiquement, la nécessité d’une cohésion extérieure, de l’obéissance obligatoire, de la tyrannie étatique ou spirituelle, démocratique ou oligarchique, peu importe.


L’octroi d’un roi à Israël a été une condescendance de Dieu, pour un peuple au cou raide et de peu de foi, qui voulait un roi visible et palpable et non pas du Christ habitant son cœur. Dieu leur a donné un roi pour éviter que le diable ne leur en donne un à lui ; Dieu a agi ainsi à cause de la dureté de leur cœur et de leur peu de foi.

Il en va de même pour le Nouvel Israël. S’il y a marge pour une économie, une discipline extérieure étatique, il ne peut y avoir de marge quand la discipline est spirituelle et ecclésiastique ; car, en ce cas, le Christ est remplacé, relégué exclusivement, dans les limites du Royaume des cieux. Le Papisme comme les autres tyrannies, ont chassé le Christ de la vie des hommes, ont usurpé sa place, l’ont "condamné" à se confiner au ciel pour nous laisser libre la terre. L’œcuménisme se caractérise par son indifférence envers la Vérité (le Christ) ; ce qui l’intéresse, c’est la cohésion administrative et monolithique qu’il appelle « UNION DES EGLISES », une union administrative, dans la vague confusion des confessions, une union aux perspectives universelles, aux dimensions politico-religieuses.

Sous nos yeux se construit l’Etat Mondial. Il va unir toutes les religions et tous états de la terre sous son pouvoir absolu. Son infrastructure intégrale est déjà mise en place. Ce sera un état dans le sens absolu, la soumission qu’il exigera ne sera pas seulement physique, elle sera aussi et surtout spirituelle. Le monde entier l’attend et le désire avec nostalgie, comme le seul espoir de réalisation de ses rêves millénaristes de toutes les époques, d’un paradis terrestre au sein de la corruption et de la mort !




L’ETAT ELECTRONIQUE


Cet Etat moderne mécanographique, provisoirement impersonnel sera le tyran incomparablement le plus efficace que l’humanité ait connu jusqu’ici. Sa puissance sera dans sa capacité de connaître le citoyen en profondeur et de s’imposer à lui, de l’intérieur et non pas seulement de l’extérieur, comme hier encore. Tous les Etats locaux, tout-puissants, s’unissent, coordonnent et augmentent leur force et leur pouvoir de pénétration atteint leur sommet. Ils disposent de moyens considérables pour dominer les hommes, que les tyrans du passé n’ont jamais osé rêver. Derrière une apparence démocratique, parfaite et irréprochable, les citoyens sont liés par des fils subtils et invisibles, mais o combien puissants. Nous sommes à l’époque des cerveaux électroniques et des moyens électroniques d’information des masses. Très peu d’hommes comprennent ce genre de tyrannie, tant leur asservissement par l’Etat moderne est moral. Une exploitation systématique de la pensée les a préparés, depuis des siècles, à désirer cette soumission. Le futur Etat sera l’expression des désirs pan-humains. Nous attendons, aujourd’hui, de l’Etat tout ce que les païens demandaient à leurs dieux. On veut que l’Etat soit notre nourrice, notre protecteur, notre dieu. On lui demande la nourriture, le vêtement, le logement, les vacances, la protection de notre santé. Et l’Etat accepte, avec malice, ce défi même et il l’entretien. Il demande seulement, en échange, que les hommes renoncent à leur indépendance d’esprit et de cœur. Nous lui cédons nos droits d’aînesse pour un plat de lentilles. Nous avons permis à l’Etat de pénétrer dans nos foyers, dans nos relations familiales, d’influencer notre pensée, de multiplier ou non nos enfants. Nous lui avons cédé notre patience, la possibilité de connaître à notre place ce qu’il nous faut pour nous aliéner. Il dirige nos contestations vers des antithèses fausses et artificielles, de manière à nous donner l’impression d’être libre dans le fait de choisir entre tant de choses contradictoires, comme entre Marxisme et Capitalisme, deux aspects de l’antique culte de Mamôn. La mentalité des hommes est devenue, désormais, uniforme, de même que leur vie, leur apparence, leurs habitudes, leurs désirs, leur attente, uniformité qui arrive jusqu’à la langue commune universelle, colonne vertébrale de notre soumission au mécanisme unique et universel qui nous entoure, tels des poissons dans le filet que nous ne percevons pas. On nous conditionne avec des méthodes psychologiques subtiles pour nous amener à vouloir, à accepter, à croire, ce qu’il nous convient, ce que nous aurons à accepter d’une manière ou d’une autre. Les uniformes rayés, que nous porterons dans la galère mondiale, sont déjà cousus. La "groupification ", la "troupification ", la "massification " de l’humanité, est déjà substantiellement là. Le "mystère de l’iniquité " touche à son terme final, parce que les hommes « n’ont pas voulu accepter et aimer la Vérité qui les eût sauvés. » 2 Tim. 2, 10.